Si Wangdo paraît extrêmement simple, il est passé par d’innombrables itérations thématisées tout à fait différentes, et parfois bien plus alambiquées, comme le révèlent les trois auteurs à la fin du livret de règles. On est même pas passé loin d’un jeu de food trucks avec quatre marchés fluctuant séparément, avant d’aboutir à la collection de connaissances pour des ours prétendant à un trône en Asie orientale. Le principe fondateur était cependant identique, le théorème des quatre couleurs qui établit qu’il suffit de… Quatre couleurs pour que jamais deux cases adjacentes d’une surface quadrillée ne partagent la même.
D’un théorème cartographico-géométrique il s’agissait cependant de faire un jeu, et Wangdo surprend agréablement par son application très intuitive, dans un jeu adoptant une élégante simplicité, presque enfantine, quand on pouvait redouter une sophistication calculatoire. Aussi ai-je lu çà et là qu’il s’adressait vraiment aux enfants, une assertion étrange à une époque où un Kingdomino ou un Oriflamme, qui ne sont pas tellement plus complexes, peuvent ravir les passionnés et collectionner les récompenses les plus prestigieuses.
S’agit-il d’y dénigrer le hasard, une prétendue place laissée au chaos ? Il n’apparaît que dans l’arbitraire adoption d’un ordre des joueurs et dans la pioche de cartes Sceau, mais personne ne jouera moins que les autres, le placement est à la fois libre (dans le sens où l’on ne peut jamais complètement bloquer un adversaire) et contraint (dans le sens où l’on ne peut pas se poser n’importe où au détriment de la tactique) ; et en tout cas, il est toujours éclairé par la connaissance de tous les facteurs pouvant l’influencer. Les cartes Sceau sont relativement équilibrées, d’autant que le jeu encourage à ne pas les utiliser sans réfléchir – voire parfois à ne pas les utiliser du tout afin de remporter les occasionnelles égalités…
Le thème a pu jouer bien sûr, comme si l’on n’avait pas vu des jeux experts adopter les formes les plus mignonnes (Root, Dawn of Peacemakers) ou des jeux enfantins assumer l’abstraction. En l’occurrence, on est parfaitement dans le gateway game, le jeu-passerelle pour initier le néophyte à un jeu de plateau charmant, coloré, et plus rigoureux que ce à quoi il pourrait être habitué, avec de petites subtilités capables de le stimuler, et pour satisfaire l’habitué sans prétendre lui procurer des sensations inédites ou extraordinaires ; seulement en lui promettant un joli moment en compagnie avec ces très jolis ours.
L'intégralité de mon test de Wangdo est lisible sur VonGuru : <https://vonguru.fr/2020/03/20/wangdo-quand-des-ours-erigent-des-steles-pour-apprendre-la-sagesse/>
On regrettera que certaines cartes puissent mettre un peu trop le chaos dans tout ceci...
Nous aurions bien vu l'ajout de cartes "objectifs" pour varier un peu le plaisir durant la partie.
Celà dit, le jeu est plaisant et rapidement joué.