Océanie n’est pas de ces extensions que vous sortirez systématiquement pour améliorer votre expérience de Wingspan – et c’est précisément sa grande qualité, elle n’est pas une petite extension s’intégrant organiquement aux règles du jeu de base, mais une ascension d’un cran, réservée aux connaisseurs de Wingspan et aux parties que vous souhaiterez les plus tendues.
Pourtant, l’addition d’un aliment joker, le nectar, pourrait paraître simplifier (et même outrancièrement) un titre où la recherche des bons aliments pour poser les bons oiseaux est si importante. C’est parce qu’Océanie jongle si astucieusement avec un apparent écueil qu’elle impressionne à ce point : non seulement le nectar disparaît à la fin de la manche, mais le dépenser octroie des points lors d’un calcul final de majorité, de sorte qu’il n’est plus un simple facilitateur mais une source de nouvelles tensions.
De même, si Océanie propose soudain une manière de renouveler aisément ce que Wingspan comporte de plus aléatoire (le marché d’oiseaux et les dés), ce n’est pas tant pour simplifier les parties que pour accroître un contrôle qui pouvait effectivement manquer au point de frustrer dans le jeu de base.
On s’en consolait bien par sa nature plus intermédiaire qu’experte, et parce qu’il savait être malgré tout exceptionnel, mais on pouvait se frustrer épisodiquement de mauvais tirages et lancers, désormais caducs, à condition bien sûr d’une petite dépense, symbolique… sauf qu’à force de petites dépenses pour davantage de bonus et de contrôle, on finit par ne plus pouvoir rien faire. Bref, ce qui pourrait sembler faciliter le jeu lui apporte en fait une dimension assez fine et tendue de gestion de ressources, qu’il faudra d’autant mieux optimiser qu’elles pourront servir à faire davantage qu'avant.
Cette nouveauté principale de l’extension ne doit naturellement pas occulter les autres, comme l’apparition de 95 nouveaux oiseaux océaniens, de nouveaux objectifs et bonus particulièrement piquants, dont on sent qu’ils ne proviennent pas juste d’idées mises de côté lors de la conception du jeu de base, des oiseaux sans ailes à l’envergure joker, une variante multi-joueurs coopérative contre l’automa faisant très judicieusement appel à votre esprit d’équipe…
Wingspan Océanie confère de la sorte un autre sens à Wingspan, pour des parties dont ses connaisseurs apprécieront la plus grande rigueur et tension, en plus du plaisir toujours vif de redécouvrir la finesse de l’esprit ludique de Hargrave et la manière dont la passion ornithologique irrigue les mécaniques-mêmes du jeu.
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