Clarifions une chose tout de suite : si vous avez fait les trois boîtes Ricochet et les trois séries de grilles sur l'application, Stratus ne vous est pas destiné (le 7+ sur la boîte et la communication de l'éditeur sont clairs à ce sujet).
Stratus se détache de son aîné en demandant aux enfants (à partir de 10 ans) de regrouper des mots par champs lexicaux, les différents mots regroupés ayant un lien avec un autre de la grille. Les regroupements étant recouverts par des quadrominos, cela restreint les possibilités au fil de l'avancement sur une même grille, ce qui est très bien vu (on retrouve la validation progressive de RIcochet).
La difficulté est bien présente car l'exercice demande un vocabulaire assez riche et une certaine gymnastique mentale, un mot pouvant être lié à son contraire, à un mot de la même famille ou à un autre mot permettant de former une expression. Pas brise-neurone pour un adulte, mais suffisamment ardu pour qu'un enfant y trouve un bon défi.
Le rébus final est analogue à ceux de Ricochet, et voir les enfants marmonner les mots restants en boucle avant d'avoir l'illumination est un vrai plaisir. Ils ne manqueront pas de demander à se frotter à Ricochet ensuite, l'occasion de refaire la première boîte en famille avec grand plaisir.
... c'est la vitesse de rotation d'un pulsar ordinaire, mais le plus rapide mesuré à ce jour atteindrait les 716 tours/seconde. Comme souvent, les "performances" des objets qui peuplent l'univers dépassent complètement les capacités de représentation concrète de notre cerveau. Toutefois, l'imagination nous permet de rêver et c'est bien ce que nous propose ce Pulsar 2049 de monsieur Vladimir Suchy, auteur notamment de Last will, League of six, Underwater cities ou encore Praga Caput Regni.
L'accès à une énergie propre et quasi-éternelle est bien une préoccupation dans l'air du temps. Ici, nous sommes dans le futur, l'Humanité est partie loin dans l'espace et en construisant des gyrodines, nous projetons d'exploiter la formidable énergie des Pulsars. Au passage, on explore aussi des mondes inconnus et puis on développe diverses technologies que l'on ne partage pas avec les autres (c'est pas un coop non plus hein...).
Techniquement, le jeu est un 3 X (exploration, expansion, exploitation) avec du développement de technologies, le tout fondé sur un système d'activation par des dés. Pulsar 2849 impose une vraie compétition dans les différents secteurs du jeu, à commencer par la sélection de vos deux dés : il serait fastidieux de vous expliquer comment, mais sachez que choisir deux dés est déjà un beau challenge si l'on considère ce que vos choix impliquent. A noter qu'il y a 8 manches et que vous disposez en théorie de 16 dés-actions pour toute la partie. Toutefois, vous pouvez avoir une action supplémentaire grace à un dé rouge qui vous semblera indispensable après quelques tours. Les actions possibles, variées, exigent d'effectuer de vrais choix stratégiques et d'anticiper notamment le décompte final dans lequel figurent entre autres des contrats qu'on a parfois tendance à oublier lors des premières parties mais qui peuvent s'évérer cruciaux pour déterminer le vainqueur.
Le livret de règles peut faire un peu peur (20 pages), et pourtant tous cela est très clair, le déroulé de la partie est fluide et l'on découvre un nombre de possibilités qui vous désarçonnera un peu au début avec vos deux pauvres petits dés. Et pourtant, au fil des tours, vous sentez une montée en puissance, les idées de coups vous viennent plus naturellement à l'esprit, les petites fourberies aussi... je pense par exemple aux pistes Ressources et Ordre de jeu, ou encore aux technologies dont les places sont limitées. On peut intégrer (ou non) dans la mise en place les Quartiers Généraux, un petit plateau individuel où vous êtes seul maître à bord. Le développer vous apportera plein de bonus bien utiles, néanmoins il est recommandé de ne pas les utiliser lors la première partie.
Parfois comparé à Die Burgen von Burgund de Stefan Feld (surtout pour le système d'actions des deux dés et la possibilité de les modifier), Pulsar 2849 est quand même plus joli [EDIT du 16/12/2023 : Je comparais ici Pulsar avec l'édition Alea des Châteaux de Bourgogne, pas avec celle "deluxe" sortie en 2023] avec un matériel très sympa, mais c'est surtout un jeu plus concurrentiel et bien plus varié dans ces options. Pulsar 2849 est d'une grande richesse, les tuiles technologies sont recto-verso avec des options différentes (à choisir durant la mise en place), pareil pour les quartiers généraux. C'est un jeu avec plein de tentations, mais le nombre d'actions vous obligera à vous discipliner pour ne pas partir dans tous les sens et vous concentrer sur quelques aspects du jeu. S'installer sur de nombreuses planètes, développer les transmetteurs, placer un maximum de Gyrodines à un, deux ou trois points, développer le QG, découvrir des techno, préparer les contrats de fin de partie... je vous préviens, il faudra faire des choix.
Habituellement, je tique toujours un peu quand les pistes potentielles de points de victoires sont trop nombreuses, comme dans la plupart des jeux feldiens ou rosenbergiens. Avec Pulsar, ça passe très bien, peut-être parce que chaque source de points a été pensée non pas pour équilibrer le jeu, mais bien pour laisser la possibilité aux joueurs d'élaborer des stratégies différentes à chaque partie et trouver de nouvelles combinaisons. Attention quand même, si on se disperse, on peut prendre de grosse ratatouille.
En parlant de dispersion, si j'avais une petite critique à formuler, ce serait à propos des QG. Je trouve d'une part qu'ils font un brin doublon avec les plateaux technologies (et accessoirement les rendent un peu moins concurrentiels) et d'autre part, on pourrait ressentir un peu de frustration car le nombre de dés pour les actions n'augmente pas alors que les cases où jouer sont du coup encore plus nombreuses. Mise à part cette réserve très mesurée (je joue avec les QG à la demande et sans rechigner), je ne comprends pas pourquoi Pulsar 2849 est passé sous les radars des amateurs de jeux genre Châteaux de Bourgogne ou Marco Polo (sauf un certain trictracien qui ponce le jeu depuis quelques temps avec son fils au moment où je rédige cet avis).
Je compte Pulsar 2849 parmi mes jeux préférés sortis en 2017 (édité chez Iello en 2018), en compagnie notamment de Terraforming Mars et Great Western, c'est vous dire...
Pour en savoir un peu plus, deux petits conseils de lecture : un article d'Arthélius sur Trictrac et l'article de Loïc sur son site jeudeplateau.com.
Clarifions une chose tout de suite : si vous avez fait les trois boîtes Ricochet et les trois séries de grilles sur l'application, Nimbus ne vous est pas destiné (le 7+ sur la boîte et la communication de l'éditeur sont clairs à ce sujet).
Nimbus n'est pas un "Ricochet kids". Plus que le principe du jeu, c'est son esprit qui est ici adapté. Plutôt que de demander à des enfants de 7-8 ans de se repérer dans les champs lexicaux et la polysémie, les auteurs ont fait le choix d'images à regrouper par points communs. Plus ou moins évidents, ces regroupements sont ensuite recouvert par des quadrominos, ce qui guide les tentatives et restreint les possibilités au fil de l'avancement sur une même grille, ce qui est très bien vu (on retrouve la validation progressive de RIcochet).
La difficulté progresse de par les liens à établir entre illustrations, pas toujours faciles, ainsi qu'avec l'apparition des 'ciels bleus', une partie des quadrominos devant être retournés (et donc recouvrir des formes différentes) sans qu'on sache lesquels.
Les enfants accrochent énormément, la première ayant mis la main dessus a enchaîné 14 grilles en un week-end ! On pourrait se dire que la boîte est alors vite mise de côté, mais elle ressort en réalité assez souvent pour le plaisir de refaire une grille (le temps de l'oublier). Le déchiffrage de la phrase-mystère en fin de grille, dont la simplicité m'a laissé un peu sur ma faim, procure aux enfants le même plaisir que les rébus finaux de Ricochet pour un adulte. Une chouette réussite.