"Edonisme"
Oui, je sais, mais je vous rassure, il s'agit d'un "sans H" tout à fait volontaire.
C'est suite à la lecture de plusieurs retours positifs à son sujet que je me suis vraiment intéressé à Iki, une réédition d'un jeu dont je n'avais jamais vu une partie sur une table, ni même entendu parler d'ailleurs. Mon intérêt était aussi suscité par l'éditeur qui selon moi a fait un sans faute jusqu'à maintenant. Le thème de Edo et de ses commerces est sympathique mais honnêtement, ça me parlait pas plus que ça. Toutefois, ayant en plus de la curiosité pour les jeux à thème japonisant (Yedo, Nippon, Samuraï, Shogun, Tokaïdo et même Tragedy Looper), j'ai fini par acquérir cette création de Kooto Yamada, illustrée agréablement par David Sitbon.
Iki est un mélange de divers mécanismes, à savoir pose d'ouvrier (de Kobun), déplacements (de l'Oyakata) programmés (par la pose de l'Ikizama), collection de cartes, avec contraintes collectives régulières (iki...heu pardon, ici, nourrir avec du riz et résister aux incendies), des choix d'actions, le tout servi par un matériel agréable (attention toutefois aux jointures des plateaux individuels) et par chez moi, tout le monde a remarqué l'illustration du mont Fuji dans le couvercle, si bien que je dois le laisser exposer durant les parties. Et en plus, vous allez même enrichir un peu votre vocabulaire en japonais, alors que demande le hito ?
Les règles sont relativement simples et rapides à présenter, le tour de jeu est fluide, les enjeux sont bien définis et des astuces de jeu apparaissent rapidement pour devancer un adversaire sur le poisson, le tabac, le placement d'une carte, précipiter un départ à la retraite, progresser sur la piste incendies, etc... Les choix de cartes sont variés, l'installation des artisans dans les nagayas demande un peu de malice par moment, ne serait-ce qu'en cherchant à poser un artisan à la suite de l'artisan d'un autre joueur déjà préservé du futur niveau d'incendie. Attention toutefois que celui-ci ne parte pas à la retraite, mettant ainsi votre artisan à découvert !
Sur le forum, on a vu quelques critiques concernant cette mécanique de l'incendie. Il y en a trois dans toute la partie, de force 5, 8 puis 10 à des moments précis. Le premier joueur, parmi 4 tuiles, en pioche une face cachée et celle-ci indique l'entrée du nagaya qui prend feu. Ce dernier progresse tant qu'il ne rencontre pas l'artisan d'un joueur qui a sur la piste d'incendie un niveau suffisant pour le stopper. Cet aspect aléatoire est dérangeant pour certains joueurs, ce que je peux comprendre. Toutefois, Iki n'est pas le premier jeu à prise de risque, c'est un aspect à prendre en compte . Dans le cas présent pour moi c'est pas vraiment un défaut, c'est juste une dose d'incertitude dans un jeu où le hasard est quand même assez limité, et puis il est normal de faire un peu de "ouin ouin" quand on a été soi-même victime du feu. Toutefois, au cours de nos parties, peu de cartes ont finalement été détruites ainsi, comme pour le manque de riz.
Pour ceux qui posent régulièrement la question, oui, Iki fonctionne bien à 2 ; Le plateau est recto/verso avec un coté spécial pour cette configuration, auxquels s'ajoutent quelques règles et jetons particuliers pour maintenir une certaine tension.
Si j'avais une réserve a formuler à ce stade de mon expérience à Iki, ce serait sur les bâtiments. En parcourant les fiches de scores, sur 7 parties jouées par 6 joueurs différents (une à 2, deux à 3, quatre à 4) il y a eu au total 9 bâtiments construits, ce qui me semble un peu faible. Alors soit nous jouons mal ou sans imagination (ce qui n'est pas à exclure, surtout dans mon cas hein...) soit construire des bâtiments n'est pas chose aisée (mais peut-être est-ce fait exprès d'ailleurs ?) et/ou jugé peu opportun par les joueurs. A tort ? Les parties à venir me le diront, ou bien vous-même. Dans une partie récente, une joueuse a focalisé (avec un peu d'agacement dans la voix) sur le fait que le bois n'est pas disponible dans les cases action du plateau, que seuls quelques artisans permettent de s'en procurer, avec le risque en plus d'en compter dans les deux cartes écartées durant chaque saison. Et puis les artisans, ça s'installent, mais ça repart des fois aussi vite en retraite (les veinards !). Bref, construire des bâtiments demande un peu d'opportunisme mais aussi de la réussite, on peut pas vraiment élaborer une voie stratégique dessus tellement il faut un alignement favorable de plusieurs astres.
Iki s'avère être une jolie réédition d'un jeu qui était passé sous mon radar, et il s'est installé régulièrement en ce début d'année 2022 parmi les 4 ou 5 boites que je sélectionne avant une séance ludique.