Un jeu de polyominos avec des chats, voilà qui paraît un prétexte opportuniste à attirer les familles et les néophytes en profitant de la popularité impressionnante de la gent féline dans notre culture. Après tout, et même s’il existe des jeux de polyominos très fins (Bärenpark, Le Royaume des sables…), le genre repose sur le désir primaire d’assembler des pièces de formes diverses en touts à peu près cohérents, et peut donc légitimement sembler négligeable pour les socioludistes aguerris.
Or L’Île des chats a déjà cette force de bien être doté de règles familiales, tirant notamment leur épingle du lot par des objectifs personnels secrets et un charmant matériel encourageant à placer des chats dans son bateau, tout en comportant des règles avancées très riches, et donc de viser les deux publics.
Le joueur tactique ajoute en effet aux règles malignes de placement des tuiles de la gestion d’argent (de poissons plus précisément), destiné à la fois à attirer les chats et à poser des cartes, des paniers sans lesquels il sera impossible de les accueillir, des objectifs personnels ou publics à ajouter en cours de partie, des actions à réaliser quand on le souhaite pour surprendre son monde par le gain de nouveaux poissons voire l’interversion de certains chats, des bottes pour avoir l’initiative des actions ce tour-ci, et tout cela grâce à un draft assez redoutable, tant il s’agit d’équilibrer de paramètres désirables.
Un draft pouvant fortement rappeler celui de Bunny Kingdom d’ailleurs, par l’importance des objectifs personnels dont on fait proprement collection en cours de partie afin de dévoiler à la fin de surprenantes sources de points, chacun encourageant d’ailleurs plus encore que dans cet illustre modèle à adopter une tactique spécifique afin de le rentabiliser, offrant des parties d’une foisonnante et fascinante diversité.
Le mode solo lui-même sait reprendre les règles et le sel de ce mode « avancé » sans fastidieuses manipulations et altérations, mais avec une toute nouvelle couche tactique, des contraintes redoutables et imprévisibles, manifestant encore l’intérêt tout particulier de Frank West pour chaque variante de son jeu, pour leur impeccable fluidité, leur extrême rejouabilité et pour leur tension adaptée aux différents publics qui pourraient faire le voyage vers l’île des chats, et dont la grande majorité reviendront ravis de leur expédition.
L'intégralité de la critique de L'Île aux chats est lisible sur VonGuru :