Jeu uniquement solo, Legacy of Yu propose une petite campagne permettant d'enchainer les parties.
Elle se termine au bout de 7 victoires ou 7 défaites, c'est à dire généralement après une petite dizaine de parties.
La campagne est rejouable.
La mécanique de jeu est intéressante (combinaison de cartes et de ressources) avec plusieurs conditions de défaites possibles.
Pour moi le point faible du jeun est qu'au bout de quelques parties on découvre qu'il y a très clairement une stratégie optimale à mettre en place. Je ne la spoilierai pas ici mais elle consiste assez classiquement en une montée en puissance lors des premiers tours, puis avec le moteur construit une progression régulière et enfin un sprint final.
Comme les cartes sortent aléatoirement il faut bien sur s'adapter et certaines parties peuvent s'avérer très faciles et d'autres ingagnables (déferlante initiale de barbares puissants, déficit chronique de provisions/cauris) mais la stratégie générale est forcément toujours la même.
Le démarrage est crucial et assez mécanique. J'ai fait une bonne quinzaine de parties et je sais généralement au tiers du jeu si je vais m'en sortir.
En effet soit on arrive à mettre en place un cercle vertueux : j'arrive à tuer les barbares qui me donnent des récompenses me permettant de tuer d'autres barbares...
Soit c'est le cercle infernal : on subit les dégâts des barbares qui nous affaiblissent et nous empêchent de progresser et font apparaitre de nouveaux barbares....
Autre point qui m'a dérangé : après chaque victoire vous avez une petite modification des règles ou éléments de jeu pour durcir le jeu et après chaque défaite vous bénéficiez d'un coup de pouce.
Ces récompenses/punitions sont aléatoires mais certaines sont incroyablement puisantes (ou pénalisantes) permettant de rouler sur le jeu (ou de galèrer) les parties suivantes alors que d'autres sont plus anecdotiques.
Pour les avoir toutes regardées il est clair que leur ordre d'apparition dans la campagne joue un rôle énorme dans sa difficulté.
Les règles sont claires, le matériel est parfaitement adapté. Une petite table est suffisante et les parties durent une trentaine de minutes environ (avec quelques minutes de mise en place/rangement à rajouter).
Une petit livret accompagne la campagne pour apporter une touche narrative. J'avoue avoir été assez peu sensible à cet aspect du jeu.
Dans ce type de jeu solo j'ai préféré Le mur d'Hadrien et sa campagne.
Legacy of Yu est assez agréable, accessible, relativement original, mais manque rapidement de variété, d'options, de voies à explorer.
Clairement, le thème on s'en fout, si ce n'est qu'il a donné lieu à un habillage du jeu fort sympathique.
On a affaire à un jeu type "jeu à cocher" (amateurs du genre, c'est pour vous), mais où on ne coche rien (la guilde des expéditions marchandes est un autre exemple de ce type de jeu).
Là où le jeu est vraiment sympa c'est qu'on y a ajouté des mécaniques supplémentaires qui changent tout.
Le marché de l'art ne sera jamais le même, car il varie selon un tirage de tuile (donc les points rapportés par les "œuvres d'art" varieront d'une partie à l'autre). En début de jeu on tire un personnage avec des spécificités qui rendent le jeu légèrement asymétrique.
Et surtout, à chaque tour on doit séparer les cartes qu'on a en main en 2 paquets que l'on propose au joueur de gauche. Il choisira un paquet et nous renverra l'autre : cela oblige à bien calibrer son offre, au risque de nous voir revenir un paquet que l'on ne désirait pas. Notre main de cartes, qui déterminera nos avancées sur des pistes (entraînant bonus et points,) est donc composée d'un groupe de cartes nous revenant et d'un autre groupe qu'on a choisi parmi deux. C'est malin et ça change des tirages de dés ou de cartes.
Les auteurs ont donc réussi à marier différentes mécaniques entre elles qui, prises séparément, n'ont rien de nouveau, mais qui ensemble opèrent une alchimie des plus réussies. N'est-ce pas là une des définitions possible pour un "bon jeu" ?
(EDIT : j'ai rédigé cet avis en m'adressant à des joueurs qui sont habitués un minimum aux jeux de plis. Les autres, mieux vaut passer votre chemin... Bien que...Qui ne tente rien...)
Voilà un nouveau jeu de plis que j’attendais au tournant depuis pas mal de temps. Pour être honnête d’entrée de jeu, toutes les « actualisations de jeux de plis modernes » auxquelles j’ai pu jouer ces derniers temps (« The Crew » et « Las Vegan » notamment), même si j’y ai globalement pris du plaisir, m’ont toujours laissé penser qu’il valait toujours mieux à la place se faire un bon p’tit whist à l’ancienne (ce peut être un whist, ou un bridge, ou une dame de pique, ou un chasse coeur, ou une belote, chez nous c’est le whist qui met tout le monde d’accord)… Parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Allez, sérieusement… Pourquoi j’irais m’encombrer l’esprit avec autre chose ? (Oui, je sais, je suis un peu dur, mais vous avez compris l’idée…)
Mais qu’en est-il de ce « Cat In The Box » ?
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Rehaussement de sourcils narquois, sourire à la fois malicieux et condescendant. Voilà la réaction première d’un de mes 3 partenaires de jeu ce soir-là… Sa façon bien à lui de me faire comprendre qu’il veut bien tenter le coup, mais seulement pour me faire plaisir. C’était au moment où je le mettais au parfum avant tous les autres. Impression confirmée par son attitude désinvolte, une fois à table, au moment de l’explication des règles. Premiers tours de jeu…
L’improbable se produit : il se redresse sur sa chaise, jette un oeil à sa main, puis au plateau central, puis encore à sa main, puis encore au plateau central… Et tout le monde de l’imiter… Nous finissons toutes et tous par nous regarder dans les yeux. Le langage corporel a cela de précieux qu’il ne nous aura fallu qu’une petite seconde pour que le message soit clair : « ce jeu me force à réfléchir différemment, j’en suis presque vexé, je n’ai aucune envie de me laisser malmener - tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens ». Oui, c'est quelque chose comme ça qui a dû nous passer par la tête…
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« Cat In The Box », c’est donc un jeu de plis, où les cartes (de valeur 1 à 9, en 5 exemplaires chacune) n’ont pas de couleur prédéfinie. C’est vous qui attribuez une couleur à vos cartes au moment où vous les jouez. Au centre de la table, se trouve un plateau représentant une piste pour chacune des 4 couleurs que propose le jeu, sur laquelle chaque joueur, au moment où il joue sa carte, pose un marqueur pour indiquer que la place est prise ; je prends une carte de valeur 2 de ma main, j’annonce que je la joue en jaune, je place donc un marqueur sur le 2 jaune du plateau. Terminé. Plus personne ne pourra s’y mettre et donc annoncer de 2 jaune pour le reste de la manche.
Ce plateau est déjà très intéressant en soi : les meilleurs joueurs de jeux de plis sont généralement ceux qui ont la meilleure mémoire, ceux qui savent compter… Ici donc, le plateau agit comme un pense bête, un état de la partie en cours. On voit donc au fur et à mesure les cartes qui ont été jouées de par leur couleur et leur valeur. Pas de mémorisation nécessaire. Et ça, c’est déjà quelque chose. Si la mémoire n’est pas un facteur déterminant, où le jeu nous emmène-t-il alors ?
Qu’en est-il du renon ? Et bien, c’est la même idée : c’est vous qui décidez quand vous voulez partir en renon. A vous de choisir le meilleur moment. Ha oui, et à « Cat In The Box », le rouge (une des 4 couleurs) est l’atout. « Attends… Ça veut dire que je peux me déclarer en renon sur n’importe quelle couleur, exactement quand je veux, et puis donc couper avec de l’atout ? Mais c’est fort ça ! » Oui, oui, vous pouvez, mais attendez, il y a un truc que je n’ai pas dit…
En début de manche, il faut parier sur un nombre de plis strict que vous vous engagez à réaliser. 1, 2, ou 3. Si vous remplissez votre contrat en fin de manche, vous gagnez des points bonus qui correspondent en fait au nombre de marqueurs que vous aurez réussi à grouper en un bloc sur le plateau central. Double lecture du jeu donc (votre main et le plateau central). En fin de manche, vous gagnez aussi un point par pli remporté (peu importe que votre contrat soit rempli ou non). Très, très subtil. Parce que soit vous visez le gain de points en remplissant votre contrat (ce qui peut très vite vous échapper, et vous faire perdre des points, parce que la résolution d’un contrat implique la récupération de peu de plis, et que ce nombre est strict, pas un de plus, pas un de moins, 1, 2, ou 3), soit vous visez le gain de points en faisant un maximum de plis (mais dans ce cas, adieu les points bonus du contrat, puisque c’est maximum 3 plis pour le valider). Se retrouver avec de l'atout en abondance peut par conséquent vite devenir un calvaire... Huhuhuhu… A ce stade, si vous me suivez, vous avez compris le sel du jeu… Peut-être même que vous avez ce petit sourire en coin dont je parlais plus haut…
Une manche peut se terminer de deux façons : soit toutes les cartes ont été jouées, soit il y a un paradoxe. En résumé, cela se produit si vous êtes dans l’impossibilité de jouer n’importe quelle carte de votre main, parce que vous êtes en renon et/ou qu’il n’y a plus de place sur telle ou telle piste de couleur. Celui qui déclenche un paradoxe perd ses éventuels points bonus de pari. S’il est dit dans les règles qu’on ne peut pas déclencher intentionnellement de paradoxe, il est en revanche assez facile de s’en approcher quand même. C’est une façon très jouissive d’interrompre une manche, surtout quand vos adversaires semblent se lancer impunément dans une course folle aux plis.
Dernier détail (qui nous aura valu à tous de nous regarder de façon effarée/paniquée au cours de la première manche) : s’il y a 4 couleurs, il y a en revanche 5 exemplaires de chaque carte… A bon entendeur… Cette cinquième carte peut faire très mal à 4 joueurs… Génial. Rien que pour ça (c’est tellement bête), le jeu vous questionne sur votre pratique.
Nous avons joué à 4 joueurs, mais le jeu permet de jouer de 2 à 5 joueurs, et s’adapte en fonction de ce nombre : nombre de cartes variable, aménagement du plateau central, et modification du nombres de plis nécessaires pour les paris. Je dépose donc ici un avis assez précoce, puisque je suis loin d’avoir testé toutes les situations.
Bon, à part ça, « Cat In The Box », c’est de belles cartes filetées, avec de beaux petits marqueurs en plastique, des plateaux multi couches. Rien à dire sur le matos donc. L’ensemble est même « sleeve friendly », tout tient dans la petite boîte. Par contre, « Cat In The Box », c’est 26 balles. Et peut-être que le prix aurait pu être divisé par deux avec des jetons en carton.
Je passerai l’évocation du thème… C’est marrant de s’être obstiné à vouloir coller un thème aussi défini sur un jeu de plis. Personnellement, cela m’a presque agacé de devoir lire les règles, mais je n’en dis pas plus… Il y a de beaux petits chats sur les cartes : à ce stade, je n’arrive toujours pas à les cerner. Ils sont à la fois mignons et inquiétants…
Voilà, voilà… « Cat In The Box » nous plait bien. Vraiment bien. Mais attention : je ne le proposerais pas à des joueurs qui n’ont pas l’habitude des jeux de plis. Je tire mon chapeau aux auteurs : il fallait y penser ! Et ils l’ont fait. « Cat In The Box » est une très belle surprise.
Un jeu parfait dans ce qu'il propose. A savoir une grande variété de peuples, un jeu simple a prendre en main et tactique. Matériel de qualité. Très fun. Je suis fan.
Fan d'Ethnos, Archeos Society le remplace avec brio. On appréciera les cartes toilées, on regrettera le plateau de score en carton souple.
Les pistes de scoring et leurs cotés alternatifs remplacent au final avantageusement le système de majorité de Ethnos. Je suis fan !!!
Hahaha, j'ai missclick sur les étoiles. Merci de ne pas tenir compte de cette note attribuée par un trop gros doigt sur un trop petit écran de smartphone : il est toujours inconvenant qu'un éditeur donne son avis sur un jeu qu'il publie !! Même si en interne on aime ce titre d'amour, j'espère que cette note - qui ne veut rien dire - sera vite supprimée :) (j'ai essayé de le faire moi même mais ça marche pô)
Olivier\_by\_IELLO