Ca serait bien que quelqu'un se penche sur une réédition de ce petit classique minimaliste de 1996: ses illustrations sont vraiment dures à supporter aujourd'hui. Pourtant j'adore le vintage, mais là ça va pas du tout ces dessins BD de magazines 90's, sans parler de l'esprit "pognon à gogo" pas très second degré.
Mais bon, le jeu en lui-même s'avère un exemple de game design ultra efficace et dépouillé, dans le genre collection de majorités de cartes. Il ressemble un peu à un Knizia d'enchères mais... sans enchères, juste 3 points d'action pour effectuer les 4 actions simples: sacrifier une carte pour commencer une collection, ajouter une carte à une collection, prendre une carte du pool visible, prendre la carte cachée de la pile (seule action qui coûte 2 car préserve le secret). On se retrouve à faire des tours très rapides en comptant "1,2,3" en quelques secondes, ce qui donne un rythme très dynamique à la partie. Un peu comme dans l'excellentissime Trader, tout est basé sur l’observation, sauf qu'ici on n'a aucune visibilité sur les cartes qui arrivent donc il faut aussi jouer la statistique. La seconde grosse différence, c'est que les points ne seront comptés (lors des 3 décomptes) qu'en fonction des collections des autres joueurs (faut être premier, voire deuxième, c'est tout) et il y a même un bonus pour celui qui se retrouve seul dans un domaine ("allez, qui se dévoue à lui détruire son monopole?"). Comme dans ce dernier exemple, des alliances temporaires ont tendance à rapidement se fomenter, ce qui peut donner des ambiances un peu orageuses en fin de partie. Comme dans Condottiere, il faudra se la jouer discret et préparer vos coups en douce si vous ne voulez pas attirer la vindicte du fameux "syndicat des perdants".
On voit ce jeu passer pour 2 ou 3 euros (assez rarement hélas car il a été peu distribué en France), et il vaut le coup si vous aimez les jeux de cartes aussi minimalistes que malins. Pour la réédition, on pourrait typiquement collectionner des fruits ou des animaux, puisque la référence au pognon n'est pas du tout essentielle dans les mécaniques. Par contre évitez justes les nains, fées et chevaliers qui font des selfies souriants...
J'arrive toujours très méfiant sur un jeu particulièrement joli et bien édité car ça a moult fois caché des mécanismes extrêmement classiques, mal imbriquées ou juste insipides. Ici, le jeu tourne correctement mais son classicisme m'a effectivement plongé dans un ennui assez conséquent. Visuellement, on dirait du familial mais c'est quand même un peu trop dense pour être vraiment accessible à des non joueurs. Et d'un autre côté, ça manque de profondeur pour un jeu d'optimisation. Clairement le cul entre deux chaises. La multiplication des boutiques (plus sûr du nom) rend rapidement le jeu peu lisible. Plein de boutiques pour au final, des choix pas vraiment passionnants, pour juste collecter des ressources et valider des objectifs. Et puis, ça a beau être mignon, le thème est totalement plaqué, et pourtant, je me fiche du thème en général mais pour une direction artistique aussi travaillée, je trouve que ça la fout mal. Donc, très surpris des notes toujours très "gentilles". Parce qu'un 10 pour ce jeu, ça n'a vraiment pas de sens enfin si, peut-être qu'on accorde beaucoup plus crédit visuel qu'au gameplay. J'avoue avoir beaucoup de mal avec les critiques abusent de superlatifs sur la qualité du matériel au détriment du reste. Évidemment, certains jeux arrivent à combiner les 2 mais je trouve qu'ils sont même particulièrement rares.
Des changements, pour plus de diversité ?
Oui, et encore, faut voir.
Ce qu'on note, surtout, c'est que le tirage plus aléatoire des missions les rend très souvent mauvaise et/ou sans intérêt, quand il ne faut pas les retirer car contradictoires et impossibles.
Le charme immense du premier opus se perd avec cette nouvelle version, très largement en dessous de son ainé.
Autant le laisser dans les abysses et repartir côtoyer les étoiles de la mission spatiale ...